vendredi 19 avril 2013

L'éditorial, un exercice périlleux

L'éditorial, un exercice périlleux

L'éditorial du 18 avril 2013 m'a fait tiquer, fallait y réagir, quitte à pisser dans un violon, car ce blog est moribond. Alors oui, écrire un éditorial est un exercice périlleux, où l'on peut se permettre un avis, mais on évite une opinion trop tranchée, où l'on essaye donc généralement de rester balancé, s'empressant de mettre un "mais" après une louange ou une critique et par-là c'est un exercice de style qui fait parfois un peu dissert' creuse.

Hier donc, un éditorial signé Béatrice Delvaux, était titré "Le pouvoir et les tabous qui paralysent". L'objet de cette sortie, l'anniversaire de la présence au pouvoir du Parti Socialiste (belge). Vingt cinq ans, ça méritait bien cela. Il y a surtout que le PS se réunit ce dimanche pour un congrès, un aggionarmento (une mise à jour de la doctrine). La journaliste ne manque pas de commencer son papier en revenant sur une critique formulée par un socialiste, Guy Spitaels, citation à l'appui: « A aucun niveau de pouvoir, il n’est bon qu’il n’y ait pas d’alternance. Dans ma vie publique, j’ai pesté contre l’Etat CVP. Il est donc bon que nous allions et nous venions au pouvoir ». Participer au pouvoir de façon continue, est donc malsain (parce que favorisant les petits arrangements, les abus, ...).


On passe les louanges plutôt fondées à l'égard du parti (avec la légalisation de l'euthanasie, du droit à l'avortement, du mariage homosexuel, ...). Pour venir à un compliment bien plus polémique: "La performance de la sécurité sociale, de la protection sociale et le maintien du pouvoir d’achat en Belgique sont les autres grands crédits du bilan socialiste". Et le nombre de travailleurs pauvres? L'augmentation de personnes travaillant temps-plein contraintes de faire appel à une allocation complémentaire au CPAS? Et ... Les manifestations pour une augmentation du pouvoir d'achat, en 2008 (quelques mois avant le renflouement de Fortis et Dexia), illustrent que le "maintient du pouvoir d'achat" est loin de faire l'unanimité. Certes, aujourd'hui l'index n'a pas été supprimé, mais il a été un peu contourné, puisque sa composition a été modifiée pour atténuer ses effets.

Evidemment après avoir loué ce maintient du pouvoir d'achat, il fallait contre-balancer ce compliment à l'égard du parti socialiste. Ça arrive. "Où est le courage, où est l’audace sur les big bangs qu’exigent la Wallonie et Bruxelles, ou sur les grandes réformes économiques et de société ? Compétitivité, chômage, intégration: ce n’est que poussé dans le dos que le PS a bougé", écrit l'éditorialiste du jour. Compétitivité, chômage, intégration, est-cela les "tabous qui paralysent"? On peut s'étonner que quelqu'un en attende plus d'un parti socialiste sur ces questions, références de la droite plus que de la social-démocratie. L'exercice de l'éditorial atteint alors un équilibre instable: comment peut-on louer le maintient du pouvoir d'achat et de la protection sociale et à la fois critiquer que les réformes sur le chômage et la compétitivité n'avancent pas? En effet, les une ne savent aller avec les autres... Diminuer les allocations de chômage, les soumettre à une régressivité va réduire le pouvoir d'achat et la protection sociale. La compétitivité, ce bel euphémisme pour réduction des cotisations patronales et, éventuellement, réduction du salaire poche, entre, elle aussi, en contradiction avec le maintient du pouvoir d'achat et la protection sociale (tout en affaiblissant le financement de la sécurité sociale).

jeudi 12 janvier 2012

Elit-on un homme politique pour ce qu'il pense et dit du monde ou pour ce qu'il en fera?

Surprise ce matin! Paul Magnette balance sur l'Europe. 

Ouais notre pays abrite les institutions européennes ce qui fait tourner l'horeca et nous ferait une belle vitrine touristique. Bref, l'Union Européenne c'est super. La critique de l'orientation politique des institutions européennes n'est pas donc pas très courante dans le plat pays. N'essayez pas de trouver des anti-européens tels Mélenchon ou Le Pen dans nos médias. Le débat sur le traité constitutionnel? On le regardait sur les "postes" français, mais chez nous, il n'a pas eu lieu. On peut expliquer cela en raison du fait de l'anticonstitutionnalité du procédé référendaire (c'est vrai mais la consultation populaire, sans effet obligatoire à l'égard du gouvernement n'est ceci dit pas interdite). Mais la raison principale c'est qu'un débat où tout le monde aurait été d'accord, ça n'était pas nécessaire. Sauf qu'à y repenser, au départ, les anti-TCE en France étaient plus que marginaux, représentants des partis à faible score électoral. Hormis le Front-National mais qui n'a jamais obtenu de majorité.

Bon revenons à l'actualité fraiche, "la Commission européenne prépare quinze ans de récession" a affirmé Paul Magnette ce jeudi matin au micro de Bertrand Henne. 


C'est quoi cette histoire?! La Commission, deviendrait de tendance néo-libérale? Il a bu dans le café -trop serré- de Thomas Gunzig ou bien...? "Etes-vous euroseptique" lui demande l'employé rtébéen. "Non certainement pas". Ouf, parce ce que chez nous, c'est plutôt mal vu tout ça. "Mais je pense que le tournant que la Commission Européenne prend est vraiment une mauvaise orientation. Ca me fait penser a ce que le FMI faisait dans les années 90. Imposant des plan d'économies structurelles dans des pays d'Amérique Latine et d'Afrique qui les ont plongé dans la récession.Il faut absolument que l'Union Européenne enlève ses oeillère néo-libérales et qu'elle ait une vision beaucoup plus pragmatique."

Comparaison n'est pas raison dit le proverbe. Proverbe à la con. Ceci étant, quel intérêt de critiquer la tendance idéologique d'une instance politique dont le parti socialiste et le groupe socialiste européen ont avalisé à maintes reprises les actes. Libéralisation de l'énergie, des transports, de la poste,... Cette tendance néo-libérale de la Commission qui l'amène à imposer aux Etats membres de réduire leur intervention dans des pans entiers de l'économie et de la société n'est pas neuve. Ces changements ont été transcris dans la législation belge avec les votes positifs du Parti Socialiste.

Alors, on est en droit de se demander: à quoi bon s'offusquer sur les ondes, si c'est pour appuyer les réformes en même temps? Pourquoi critiquer ces restrictions budgétaires, si elles sont le fruit d'un projet gouvernemental auquel le Parti Socialiste a donné son accord? Hypocrisie , mauvaise foi? Peu importe. S'il veut agir conformément à ce qu'il a dit ce matin, il peut légitimement quitter le gouvernement sous peine d'agir en complète contradiction avec son discours.


Ceci étant, les écarts entre le discours et les actes c'est plutôt courant au Parti Socialiste. Autre exemple aujourd'hui, Philippe Mourreau. Lui, il balance sur la politique à l'asile et l'immigration de la néophyte du dossier, Maggie De Block. De nouveau, est-ce pertinent de critiquer l'action politique d'une ministre alors que son parti participe au gouvernement et qu'il sera amené à voter pour cette politique? On suivrait l'actualité belge de loin qu'on penserait que le PS est dans l'opposition... C'est peut-être bien le but après tout. Mais bon une opposition "réthorique", un tour de passe-passe qui n'aurait d'effet que sur les plus naïfs...






dimanche 29 mai 2011

Rest in peace, Gil.

Vendredi, celui qu'on présente comme un des père du hip-hop, est mort. Vous ne connaissiez pas Gill Scott-Heron? Moi, non plus. Mêlant jazz, blues et soul, il ne considérait pas spécialement comme fondé qu'on lui attribue un statut de godfather du mouvement hip-hop.

La disparition de ce poète de la soul trouve un écho (discret) dans les médias, ce qui est louable, puisque cela m'a permis de découvrir un grand artiste. La Dernière Heure et Le Soir ont retracé en quelques grandes lignes la vie du sexagénaire, originaire de Chicago. Je serais malheureusement incapable d'être plus exhaustif que la page Wikipedia au sujet du chanteur à qui on doit notamment "The revolution will not be televised".


Cette chanson fait de cette icône afro-américaine aussi un militant. Militantisme concrétisé notamment par une critique de la politique conservatrice de Ronald Reagan : "And when America found itself having a hard time facing the future, they looked for people like John Wayne. But since John Wayne was no longer available, they settled for Ronald Reagan – and it has placed us in a situation that we can only look at – like a B movie".



Artiste qui avait entamé ce que les amateurs de Gil appellent une seconde vie avec un album sorti en 2010, après une pause de plus de 10 ans. Après des problèmes de drogue, le deuil difficile de sa mère,
et un passage par la prison en 2001, "I'm new here" ne peut que nous faire regretter sa disparition prématurée, à l'âge de 63 ans. La chanson suivante en est issue:

 

J'oubliais presque le "Message to the messengers", sorti en 1993, sur l'album Spirits. Il s'y adressait aux rappeurs qui oublient leurs fondamentaux (poésies, messages de transformation sociales, ....). Un message encore d'actualité pour de nombreux artistes du rap!


Si le décès de Michael Jackson, autre icône afro-américaine, lui a peut-être valu trop de publicité médiatique, celui ci mériterait au contraire qu'on s'y attarde davantage... Ne fût ce qu'en raison du fait que, contrairement à Michael, il est méconnu par les jeunes générations...