dimanche 29 mai 2011

Rest in peace, Gil.

Vendredi, celui qu'on présente comme un des père du hip-hop, est mort. Vous ne connaissiez pas Gill Scott-Heron? Moi, non plus. Mêlant jazz, blues et soul, il ne considérait pas spécialement comme fondé qu'on lui attribue un statut de godfather du mouvement hip-hop.

La disparition de ce poète de la soul trouve un écho (discret) dans les médias, ce qui est louable, puisque cela m'a permis de découvrir un grand artiste. La Dernière Heure et Le Soir ont retracé en quelques grandes lignes la vie du sexagénaire, originaire de Chicago. Je serais malheureusement incapable d'être plus exhaustif que la page Wikipedia au sujet du chanteur à qui on doit notamment "The revolution will not be televised".


Cette chanson fait de cette icône afro-américaine aussi un militant. Militantisme concrétisé notamment par une critique de la politique conservatrice de Ronald Reagan : "And when America found itself having a hard time facing the future, they looked for people like John Wayne. But since John Wayne was no longer available, they settled for Ronald Reagan – and it has placed us in a situation that we can only look at – like a B movie".



Artiste qui avait entamé ce que les amateurs de Gil appellent une seconde vie avec un album sorti en 2010, après une pause de plus de 10 ans. Après des problèmes de drogue, le deuil difficile de sa mère,
et un passage par la prison en 2001, "I'm new here" ne peut que nous faire regretter sa disparition prématurée, à l'âge de 63 ans. La chanson suivante en est issue:

 

J'oubliais presque le "Message to the messengers", sorti en 1993, sur l'album Spirits. Il s'y adressait aux rappeurs qui oublient leurs fondamentaux (poésies, messages de transformation sociales, ....). Un message encore d'actualité pour de nombreux artistes du rap!


Si le décès de Michael Jackson, autre icône afro-américaine, lui a peut-être valu trop de publicité médiatique, celui ci mériterait au contraire qu'on s'y attarde davantage... Ne fût ce qu'en raison du fait que, contrairement à Michael, il est méconnu par les jeunes générations...

vendredi 27 mai 2011

Le petit journal, petit soleil dans la grisaille ?

On ne peut pas dire qu'il y ait censure, que les questions qui fachent soient évitées, que les critiques à l'égard des politiques sont inexistantes.

Mais on ne peut nier le fait, que le paysage audiovisuel reste très "gentil gentil", cultivant peu d'impertinence. Untel fait une conférence de presse, on s'y rend : compte rendu, éventuel commentaire critique, et c'est dans la boite. Ainsi, certaines images génantes sombrent parfois dans le néant... Mais c'est sans compter la vigilance de certains. Le Petit Journal en fait partie. Emission de Canal+ au succès considérable (plus de 300.00 fans sur la page Facebook).

Séquence de 7 à 10 minutes s'inscrivant dans l'émission du Grand Journal. L'émission décalée n'hésite pas égratigner avec panache les discours de politiques. Parfois, l'humour prend le pas sur le contenu. A d'autres moments, la séquence de Yann Barthès est assimilable à une critique des médias.

Illustrations :

Ségolène Royal se rend dans un lycée, avec les caméras, habituel exercice de communication qui débouche rarement sur un compte-rendu médiatique pertinent... Sauf ici, grâce à l'impertinence d'un lycéen et à l'intransigeance du Petit Journal qui n'hésite jamais à montrer les opérations de communications sous un mauvais jour. A voir :


Ce n'est pas l'unique qualité du Petit Journal. Toute une équipe y collabore, dont quelques monteurs, qui visionnent les discours des politiques. Ils visionnent et revisionnent à un tel point, que parfois ils retrouvent un discours identique prononcé par la même personne un an ou deux, plus tôt. Le discours n'est du coup plus très crédible...

Ici une analyse d'un discours de Sarkozy et un autre qu'il avait prononcé trois jours auparavant:


Sauvetage bancaire: où en est le remboursement de l'Etat ?


En 2008, Fortis et Dexia subissaient les conséquences de la crise financière entamée aux Etats-Unis un an plus tôt. Des milliards d'argent public furent prêtés ou "injectés" dans ces banques en grande difficulté. Il y a peu, le Ministre des Finances s'était félicité des dividendes que l'Etat avait touchés grâce à sa participation dans BNP Fortis (268 millions d'euros). Mais des montants astronomiques de 2008, on ne nous parle plus. Quand l'Etat sera-t-il remboursé? Il y a un agenda ? Finalement le tableau n'est pas si noir. Pas bleu azur non plus, malgré tout!

A la base de ce post, un entretien de Xavier Dupret (Gresea) mené par M. Van Hees et G. Bordanoro  sur le site d'Investig'Action qui revient sur le sauvetage bancaire. Alors où en sommes nous ?



D'abord, la prise de risques n'est pas plus régulée qu'auparavant et les primes qui y sont liées sont toujours maintenues. Le système financier, s'il a tiré les leçons de la crise, n'a pas encore joint les actes à la prise de conscience.

Ensuite, question qui revient régulièrement ces dernier temps avec les menaces d'agences de notation Standard & Poors ainsi que de Fitch : le scénario greco-portugais-espagnol pourrait il devenir belge? En d'autres termes, les titres émis sur la dette belge pourraient-ils susciter une défiance des marchés telle que l'Etat devrait emprunter à des taux d'intérêt exorbitants? Peut-être. Mais, paradoxalement, cela pourrait être  évitable. En effet,  L'épargne des ménages belges étant considérable, elle pourrait, selon l'économiste Xavier Dupret, financer à elle seule la dette belge. Mais la Belgique est l'otage de l'internationalisation des flux de capitaux...

L'interrogation essentielle, à mes yeux, c'est "où en sont les banques dans le remboursement des prêts qu'on leur a accordé?". Notons, que cet aspect n'apparait pas dans les médias... 1,8 milliards bruts sont remboursés par an depuis 2008 sur les 20 milliards totaux (par BNP, KBC, Ethias, Dexia). Un sixième aurait donc été remboursé. Avec intérêts : 300 millions d'euros pour 2010. L'économiste avance que les banques ont dix ans pour rembourser. Mais le hic, c'est que l'Etat est garant de ses banques. En cas de difficulté de l'une d'elles, il devra rembourser à sa place les emprunts contractés... Un risque non négligeable.

Enfin, l'économiste pointe sa priorité: (re)scinder les banques de dépôt et celles d'affaires. La première, selon lui, devrait être publique, recueillant les épargnes des ménages et leur accordant des prêts. La seconde, privée, se cantonneraient aux activités à risques de spéculation aux bénéfices des actionnaires.

jeudi 26 mai 2011

Forum du Soir, forum de qui ?

Les colonnes Forums  des éditions du journal Le Soir du mercredi 25 et jeudi 26 mai ont fait preuve d'un bel exercice de complaisance à l'égard de deux chroniqueurs occasionnels. Pour deux affaires sans aucun rapport, ces deux individus font, malheureusement, l'actualité. Évidemment, leurs propos ont été accueillis avec une indulgence toute confraternelle.

Pierre Mertens, écrivain, pris dans un bras de fer juridique avec Bart De Wever recevait l'espace médiatique à hauteur de l'importance de l'affaire: la presque totalité des deux pages de la rubrique forums! Sa lettre ouverte a été visiblement accueillie à bras ouvert par ses collègues de rédaction.


Bart De Wever, négationniste? 

Rappel des faits : Pierre Mertens a, dans un entretien au Monde, qualifié  Bart de Wever de "leader résolument négationniste". Négationniste? Définition du Petit Robert: "Partisan de la position idéologique consistant à nier l'existence des chambres à gaz utilisés par les nazis". Bart de Wever le poursuit pour calomnie. Quelles raisons ont poussé  Pierre Mertens à cette sortie médiatique?
Le fait que le président de la NV-A ait pris la défense des autorités anversoises alors que son bourgmestre (P. Janssens) avait formulé des excuses en leur nom pour la collaboration active pratiquée sous l'occupation. Cette collaboration des autorités, confirmée par les historiens, n'avait pas lieu de donner naissance à une polémique ou à des excuses pour De Wever pour qui :"On n'a pas besoin d'un procès thérapeutique, en 2007, sur cette question". En clair, c'est trop tard.

Je ne me prononcerai pas sur l'utilité ou non de ces excuses. Mais force est de constater que les propos de De Wever, ni sur le fond ni sur la forme, ne sont assimilables à du négationnisme. Il minimime, ou nie peut-être (et encore c'est contestable) l'existence d'une collaboration intensive des autorités anversoises mais cela ne signifie nullement la négation de la Shoah... Cela n'apparait pas dans le journal de ce jour-là, la version de Pierre Mertens occupant l'intégralité du débat dans les pages de ce quotidien.En effet, le commentaire de M. Metdepenningen s'en tenait au rappel factuel du contexte et de ses antécédents. Alors, si P. Mertens veut "réveiller la conscience éthique", ce n'est peut-être pas le meilleur point de départ.

"Serait-ce trop demander à la Justice qu'au premier chef lui reviennent le rôle et le privilège de se prononcer là dessus?"[sic] s'interroge P. Mertens à la fin de sa carte blanche à propos d'un éventuel "droit de mémoire". De nombreux historiens, tel P. Lagrou, sont déjà contre le fait que la vérité historique devrait être décrétée par une loi mais cette opinion n'apparait pas non plus...

Bref, une carte blanche non-accompagnée de versions contradictoires, ça manque un peu de relief. Surtout quand il apparait que la position de Pierre Mertens est intenable sur le fond: il ne s'agissait absolument pas de négationnisme. Pourquoi accorder autant d'importance et d'attention à son égard si ce n'est parce qu'il a collaboré au journal ? Peut-être pour décrédibiliser la NV-A... En tous cas, cela ne devrait pas améliorer les relations entre Le Soir et le dit parti.

P.S. : On notera l'emploi du "nous" récurrent au début de la lettre ouverte que Pierre Mertens signe pourtant seul. "Nous sommes de ceux qui inclinent à croire qu'il faudrait en élargir le champ d'application à d'autres génocides que ceux que couvre la Shoah". Qui sont ces "nous" ? Le Soir ? Les francophones? Ou simplement Pierre Mertens et l'ancien résistant qui l'accompagnait à la conférence de presse?


Cloué au pilori pour une "malheureuse" affaire



"Il suffit de deux mots pour vous délégitimer" explique Jean-François Kahn  qui "s'insurge contre la dictature de la petite phrase" dans la colonne forum de ce jeudi 26 mai. Mais pas n'importe quels mots. Se montrant sceptique quant à l'éventualité d'un viol de Strauss-Kahn sur la femme de chambre, il a dit préférer parler d'un "troussage de domestique"! Maladresse, se dédouane-t-il. Et il s'en excuse. Mais utilise t-on vraiment le terme "troussage" maladroitement? Appartenant plutôt au langage précieux, nombreux ignoraient ce terme avant que J.-F. Kahn crée le buzz en l'utilisant (cfr post du 20 mai). Peut-être le recours à cette expression "troussage de domestique" procède plus d'un déterminisme de classe que d'un d'un imbuvable sexisme.

Mais je ferme cette parenthèse pour en revenir à l'interview réalisée dans les colonnes du Soir: "Et parce que quand cette formule, que je n'étais même pas conscient d'avoir employé, m'est revenue, je l'ai trouvée aussitôt trouvée insupportable". Un peu facile, mais bon, Monsieur Bourton, qui mène l'entretien, répond non sans sens critique...: "Quels que soient vos regrets, c'est une phrase qui peut vous rester..."! Vlan, alors là, franchement, qui aurait-dit qu'ils participent au contenu d'un même journal...

Ce n'est pas fini. Le journaliste intervieweur va enchaîner ensuite sur une critique acerbe à l'égard du journaliste de l'hexagone: "On a également laissé entendre que vous étiez de connivence avec Dominique Strauss-Kahn..." Aie aie aie, Monsieur Bourton, faudra pas postuler à Marianne. Cette intervention recèle deux subterfuges. Premièrement, le pavé lancé dans la marre est tellement gros, que cela sera aisé pour Kahn (le journaliste) d'aller le repêcher et au passage de s'envoyer des fleurs du type: "J'ai montré que j'étais intransigeant sur un certain nombre de valeurs". Deuxièmement, Bourton, formuler "on a également laissé entendre", cela lui permet de se distancer par rapports à cette critique et ainsi entamer déjà le crédit qu'accordera le lecteur à cette infâme suggestion.

Tout cela, ne nous gâchera pas la fin de cette entretien, décidément très familier. "A la question, qu'allez-vous faire maintenant ?", J.-F. Kahn nous livre une réponse d’anthologie: "Maintenant je vais interpeller, comme je viens de le faire chez vous". J'essaye d'imaginer la scène: J.-F. : "Allo William? C'est Jean-François. Dis, interviewe-moi un peu, j'arrête pas de me faire lyncher dans les médias, j'ai bien besoin de redorer mon blason - William: Ouais, pourquoi pas. Mais, pour l'occasion, tu n'as pas un prétexte plus général que le buzz crée par ta créativité lexicologique? - J.-F.: Oui bien sur, je m'insurge contre la dictature de la petite phrase"...


P.S. : On notera que "je m'insurge contre la dictature de la petite phrase" est l'exemple type de la petite phrase contre laquelle il entend s'insurger. Le serpent se mord la queue.

mardi 24 mai 2011

"Television is not the truth. Television is a god damn amuzement parc!"

 1976. Les excès de la télévision américaine ne sont pas encore ce qu'ils sont aujourd'hui. Et pourtant, Sidney Lumet signe un film d'anticipation bluffant: Network.

Un journaliste présentateur du JT apprend son licenciement pour chutes d'audience. Il pète un câble, et annonce son suicide à la télévision... Il ne s’exécutera pas, au grand bonheur du public qui commence à s'intéresser à ce spécimen de la télévision. A voir! Quatre oscars, et sans doute la meilleure représentation des affres de la course à l'audience en télé.

La bande annonce : 


Les observateurs ont deux ans

L'émission de France 24 "Les observateurs" a fêté ses deux ans, il y a peu. Caractéristique particulière, ce sont des vidéos de blogueurs qui composent le contenu de l'émission. Les informations ainsi divulguées sont vérifiées par les équipes de France 24. Méconnue, l'émission dont j'ai fais connaissance grâce à un article du Soir mérite qu'on s'y arrête.

Ici un extrait:


Qualité numéro un de l'émission, elle permet de contourner la censure. Cette émission ci l'illustrait bien, avec des informations sur les manifestations en Syrie.
L'émission touche aussi un public moins friand d'informations -les jeunes-, son ton l'indique bien : "Salut à tous et bienvenue aux observateurs!". La force des Observateurs est d'avoir accès à une information de terrain via des personnes qui y vivent et qui donc seraient plus susceptible de saisir la complexité d'une situation, ne fût-ce que par la maitrise de la langue locale. Et cela gratuitement, puisqu'il s'agit de témoignages amateurs. Ce qui n'est pas négligeable car le coût des envoyés spéciaux est considérable.

Encore un exemple :


Le deuxième volet de cet extrait, à propos d'un incendie en Arizona illustre un des écueil que porte le concept des "Observateurs." En effet, le risque serait de sombrer dans le témoignage anecdotique et dans la recherche de la vidéo exclusive. Cela dit, cette émission rencontre un certain succès. Selon une étude TNS  Sofres, elle remporte "une franche adhésion dans l'ensemble des pays concernés". Sa force est aussi de s'écarter des évènements qui font l'agenda de la plupart des médias et de proposer une information différente à propos de régions du monde bien souvent exclues des grands canaux de circulation de l'information.


dimanche 22 mai 2011

Entubés par la télé? Suite...

Partie 5 - Ouvrant rapidement sur le danger de la course aux profits pour les médias, leur manque de pluralisme pour rapidement en venir à un cas concret.


Retour sur l'affaire d'un agression antisémite dans le RER qui avait reçu un large écho dans tous les médias français. Les agresseurs d'origine maghrébine ou africaine n'ont pas été inquiétés, les témoins n'ont pas réagi. Et les médias n'ont pas recoupé l'info...

Les politiques ne sont heureusement pas en reste face à une agression avalisée par les retombées médiatiques considérables."Effroi", "agression ignoble", "c'est la France qui est visée à travers ses actes",...


Partie 6- Suite de la couverture de l'agression inventée et relayée par les médias. "Les politiques montent au créneau lorsque les médias montent au créneau" explique un député UMP pour dédouaner le monde politique de toute responsabilité dans ses réactions sur l'agression imaginaire d'une jeune femme dans le RER. Pas d'autocritique des télés, par contre, elles n'hésitent pas à accabler les politiciens pour leurs réactions...


Partie 7- Plus ludique, une équipe d'activistes s'amusent à couper les télés dans une salle où des journalistes et politiques regardent les résultats électoraux du référendum pour un traité constitutionnel européen. Les "tivibigoneurs" sont dans la place! Ensuite, un bref passage d'Harlem Desir, pourquoi le non l'a t-il emporté? "Parce qu'on a pas expliqué que la Constitution c'était un moyen de renforcer la marque Europe".

Entubés par la télé?

Un docu pas mal ficelé qui épingle les médias, découpé en 7 parties d'une durée d'environ quinze minutes. Analyses d'experts et images d'"illustrations". Une réalisation Zalea TV

Partie 1- Cette première partie revient sur les casseroles de Jacques Chirac, ex président de la République française. Interview par Patrick Poivre d'Arvor et décryptage du discours de Chirac. "J'étais le premier à lancer une croisade contre l'argent sale et pour (!) le blanchiment de l'argent sale" disait-il alors non sans lapsus. Mais le lapsus sera coupé au montage, merci Patrick...


Partie 2- Malheureusement introuvable sur la toile.

Partie 3- Ouvrant sur une petite action de "tivibigoneurs" qui éteignent les télés dans des grandes surfaces. Le reportage passe ensuite à un contenu plus sérieux, et moins ludique, à savoir l'analyse de la couverture télévisuelle du référendum pour un traité constitutionnel européen. La quasi totalité des interventions à mettre à l'actif du "oui" au référendum selon Henri Maler d'Acrimed. Mais il souligne que cela n'a pas commencé avec ce référendum, les médias étant déjà antérieurement tous acquis au modèle européen.


Partie 4- Parallèle intéressant fait par Henri Maler dans cette partie: la crise de crédibilité qui atteint les médias et les politiques est la même. Ils connaissent un déficit de pluralisme et donc de plus en plus d'individus ne se sentent pas représentés.



samedi 21 mai 2011

Pas vu pas pris: pouvoirs et médias

Un documentaire de Pierre Carles qui relate une commande faite par Canal+ (le docu "Pas vu à la télé") qui ne sera pas diffusée, vraisemblablement censurée. Le point de départ ? Une conversation entre Etienne Mougeotte (directeur des programmes de TF1) et Francis Léotard, Ministre de la Défense de l'époque. Conversation emblématique de la connivence entre politiques et médias.

A voir assurément!



vendredi 20 mai 2011

Affaire DSK, suite

Stéphane Guillon, avant d'être évincé de France Inter, avait un des rare à évoquer le penchant problématique de Dominique Strauss-Kahn pour les femmes. Une chronique cinglante qui déplut à l'invité du jour: DSK en l'occurence... A voir!



Dans un registre beaucoup plus sérieux, la lecture de cet article d'Acrimed est très instructive sur les excès des médias, prêts à dire tout et n'importe quoi tant que cela touche à "L'affaire" du moment.

Médias intarissables sur l'affaire DSK...

Depuis quelques jours, le président du Fond Monétaire International fait la une des journaux! Pourtant la procédure fait lentement son chemin et peu d'éléments à charge, ou à décharge, ne sont apparus jusqu'ici...

Alors qu'y a-t-il à dire à ce propos? Un passage sur le système pénitentiaire américain, pourquoi pas. Mais depuis que sa démission a été annoncée, on peut se demander également: qui lui succédera? Le plat pays a son candidat potentiel: Didier Reynders, L'homme qui parle à l'oreille des riches. Pourquoi pas suggère la Dernière Heure dans un article. A l'heure actuelle, Christine Lagarde apparait mieux placée pour le poste.

On peut également faire un bilan de son mandat. Pierre-Henri Thomas s'y risque (voir fin de post pour l'article dans son intégralité) : "Avec lui, le FMI est devenu plus social". Il aurait "indéniablement marqué un tournant dans l'institution". L'austérité, il ne l'aurait pas plaidé, la relance bien, par contre. Il incarnerait pour cela un tournant dans la politique de l'institution, d’ordinaire très libérale. Pourtant, les faits plaident contre cette analyse du journaliste du Soir. En effet, les multiples plans d'austérité, au Portugal, en Espagne, en Grèce et autres, ne sont pas étrangers aux aides à hauteur de milliards d'euros que propose le FMI à ces pays. Ces aides ont été assorties de conditions. Un article de l'Expansion aborde le fait que le FMI a critiqué le plan français de réduction des dépenses publiques le jugeant "insuffisant". Un autre article du Capital parle lui d'un plan d'austérité au Portugal imposé par le FMI. Un post succint du site rtl.be est titré par "le FMI salue les mesures d'austérité adoptées par l'Italie"Alors le FMI plus social? Y a de quoi en douter...

Rappellons la décoration accordée par Ben Ali, ancien dictateur de la Tunisie, à Dominique Strauss-Kahn qui n'avait pas hésité à parler du pays de la révolution Facebook en "modèle pour les pays émergents"...


A côté de cet éloge sur son bilan au FMI, des personnalités lui apportent leur soutien dans "L'affaire" du moment. Un article de Rue89 recense quelques interventions télévisées de personnes persuadées de son innocence. Extraits :


Pour J-F Kahn, il y a peut être eu "troussage de domestique" mais sûrement pas tentative de viol. On appréciera la nuance terminologique... Pour Jack Lang, il n'y a pas "mort d'hommes" alors qu'il commence son commentaire par "je ne vais pas commenter un dossier que je connais pas"...



Une majorité de français croiraient à un complot. Michèle Serban en fait partie....

Bon, heureusement qu'il reste la créativité asiatique pour distraire dans cette sombre affaire. Une vidéo d'animation 3D évoque les faits (enfin, selon la version de la présumée victime évidemment!) :


[ L'article de P.H.-Thomas, Le Soir, ... mai 2011]

jeudi 19 mai 2011

Nous avons un gouvernement: l'Europe

Finalement quand on y réfléchit, la plupart des partis sont favorables aux institutions européennes. Ne pas l'être ne serait pourtant pas si anti-démocratique. En effet, de nombreuses voix à gauche de la gauche ne voient dans les actes à mettre à l'actif de la Commission que des décisions allant dans le sens d'une diminution du rôle de l’État dans l'économie, un déréglementation du droit du travail et du droit social (ce qu'on peut aussi désigner par l'euphémisme "flexibilité). Bref, certains diront que ce sont, en gros, des politiques de droite.


Mais, pour revenir à l'actualité,  notons, toujours dans l'édition du quotidien Le Soir du 18 mai, une phrase de Wouter Beke au Cercle de Lorraine, évoquée comme une "pirouette" par Véronique Lamquin: "Sur tous les enjeux socio-économiques, le débat sur une coalition de gauche ou de droite n'a pas de sens: les grandes orientations sont définies par l'Europe." Cette phrase présentée comme anecdotique par la journaliste n'en est pas moins emblématique. L’Europe est de plus en plus le cœur névralgique de l'orientation socio-économique de notre politique. Hors, les politiques mises en places par la Commission rencontrent peu d'échos dans les médias et encore moins souvent de contradicteurs.

En se basant sur la "petite phrase" pas si anodine que cela de Wouter Beke, on pourrait schématiser le tableau politique ainsi: pendant que l'Union Européenne et la Commission établissements les politiques socio-économiques (de droite ou de gauche, on laissera au lecteur la liberté de juger de lui même), nos décideurs, eux, s'ingénient à pinailler sur des enjeux linguistiques. Et cela expliquerait peut-être qu'un gouvernement aux pouvoirs élargis ne semble pas si "indispensable" pour faire tourner le petit royaume de Belgique. En fait, cette phrase pourrait être la base d'un débat passionnant entre gauche gouvernementale et gauche anti-européenne. Comme on avait pu le voir en France lors du débat sur l'adoption du traité constitutionnel européen... Alors que certains soutiennent qu'une politique de gauche ne serait pas compatible avec le cadre juridique européen, ce débat aurait bien des raisons d'être traité par nos médias.

Holding Communal en difficulté: un problème auxquel ne correspondrait qu'une seule solution?

Dexia représente 82,5% du portefeuille du Holding

Le Holding Communal gère les participations des communes dans Dexia. Autrefois, les communes tiraient de précieux dividendes en tant que  premier actionnaire de la banque. La crise financière de 2008 leur a fait perdre beaucoup d'argent. Aujourd'hui, les communes ne touchent plus de dividendes. Pire, la Région Wallonne a encore du mettre la main à la poche : elle a acquis 50 millions d'euros de bons de trésorerie du Holding. La faiblesse du Holding Communal provient du fait que Dexia représente 82,5% de son portefeuille d'actions...


Cette situation valait bien une sortie médiatique d'André Antoine (ministre du Budget wallon) dans Le Soir afin de promouvoir l'adossement à un groupe financier plus solide. La solution que préconise le ministre serait de rassembler les divers instruments financiers wallons en un holding "wallon".

L'article -car il faut savoir reconnaitre les aspects positifs!- explique très clairement les faiblesses du Holding ("six plaies" dont la surexposition à Dexia, le programme d'option d'achats d'action Dexia prévu avant la crise et qui fait que le Holding achète les actions à un prix très éloigné de celui du marché, une dette élevée,...). Par contre, on peut reprocher au compte rendu de n'être qu'un résumé de l'analyse du ministre du budget. Il veut réorganiser et homogénéiser les instruments financiers wallons (il y a en autre, la Fiwapac, la Caisse d'investissement de Wallonie, la Socofé,...). En d'autres termes, faire un Holding Communal purement wallon (actuellement le Holding est grosso modo à 20% bruxellois, 40% flamand et 40% wallon).

Solutions régionalistes vs solutions plus fédéralistes, KO par forfait

Une vision régionaliste classique qui ne rencontre aucune hypothèse alternative dans la gazette de ce mercredi 18 mai 2011. Et c'est regettable. Comme il est souvent enseigné, il faut "balancer" un article: si quelqu'un propose un point de vue, il faut que le journaliste où un de ses interlocuteurs en propose un autre. "Dans une Belgique nouvelle, où des pans entiers de compétences seront transférés aux Régions et aux Communautés, la Wallonie devra s'affirmer de plus en plus". Les derniers mots de la page deux du quotidien sont laissés à Monsieur Antoine. Et c'est symptomatique. En effet, à moins que le régionalisme économique devienne la pensée unique et que les économistes plus fédéralistes aient tous été expulsés hors du royaume, on peut regretter que l'analyse du journal n'ouvre pas de perspectives sur d'autres solutions que celles que lui présentait un ministre...



lundi 16 mai 2011

Des journalistes de foot partisans ?

Les supporters de foot en Belgique lisent souvent la presse. En ligne ou sur papier, ils regardent les rumeurs de transferts, les analyses d'après matchs,... Et vu le succès du foot, il y a tout de même une grande audience à satisfaire. Les fanatiques du ballon rond reprochent souvent leur partialité aux médias: ils seraient pro (ou anti) anderlecht ou pro (ou anti) standard.

On s'attarde plus sur le Standard et sur Anderlecht que sur Genk

Évidemment, en presse francophone, on s'attarde plus sur Anderlecht et le Standard de Liège que sur Genk. En dépit du fait que l'équipe du Limbourg produise un jeux chatoyant malgré la jeunesse de son noyau et son budget inférieur aux "grands" du championat Jupiler. On s'y attarde moins pour la simple raison que peu de ses supporters sont francophones. Quoique, nombre de supporters d'Anderlecht seront à coup sûr derrière le Racing, histoire qu'il empêche un sacre au club rouche. En effet, après une saison très très moyenne du club bruxellois, les fans du sporting pourraient devoir endurer les railleries des supporters rouches en cas de titre liégois.

Des journalistes de la DH frustrés de la défaite mauve et blanche?

Là où les critiques fleuvent donc, c'est sur une prétendue partialité des journalistes sportifs du Soir et de la Dernière Heure, en faveur des standardmens ou des anderlechtois. Vous l'aurez deviné, la critique est fonction du club supporté par celui qui la formule. Un blog de la DH publie après chaque match des notes (qui se veulent un peu décalées) qu'il attribue aux joueurs. Et paf, les quelques commentaires sont rouches et reprochent un parti pris pour le club de la capitale! "Les textes liés aux cotes auraient ils été écrits par un mauve frustré?" s'interroge sobrement un internaute. "Preuve que la DH est pro anderlecht" affirme un autre. A croire qu'ils n'avaient pas lu la DH papier du même jour, portant en une :"Tous derrière le Standard"...

L'échec anderlechtois analysé très gentiment par Le Soir 
Finalement, cette critique n'a pas vraiment de sens, on voit mal une rédaction sportive inconditionnelle d'un club ou pour un autre... Par contre, l'analyse journalistique de l'échec anderlechtois si elle n'est pas partiale, semble en tous cas très tendre envers les dirigeants. Après une élimination stupéfiante en qualification en Champions League, une combativité faiblarde en Europa League, une place de troisième dans le championat et une énième élimination pour la Coupe de Belgique, la saison du Sporting est objectivement une démonstration indéniable d'échec. Qui est responsable alors ? Le Soir se montre très indulgent envers les dirigeants. "Jacobs fait avec ce qu'il a" est l'explication phare des journalistes pour excuser le bilan de l'entraineur mauve. Aurait-il fait des mauvais choix en termes de joueurs alignés? Christophe Berti, journaliste au Soir n'en voit visiblement pas. D'ailleurs, il écrit: "Mourinho n'aurait sans doute pas été champion avec cet Anderlecht là". Pourtant, l'entraineur a également une équipe B de moins de 21 ans. Équipe dans laquelle il n'aura jamais été puiser cette saison mais cela n'est étrangement pas relevé. Ensuite, dans un encart intitulé "Des transferts ratés", le journaliste s'empresse rapidement de dédouaner Herman Van Holbseeck (pourtant très critiqué par les supporters bruxellois). "Rappelons à ceux qui le pensent qu'il n'est qu'un employé et qu'il ne décide jamais seul de transférer un joueur", ose Christophe Berti. Alors qu'est-ce qui cloche au Royal Sporting Club d'Anderlecht? A la lecture du Soir de lundi, on a envie de dire ni le manager, ni le coach en tous cas.

En fait ce sentiment de pro ceci ou anti cela semble indiquer une certaine fracture entre fans et journalistes. "Van Holsbeeck et Jacobs sont dans la ligne de mire des supporters, mais le problème  de fond est bien plus complexe". Trop complexe pour les simples supporters? Ou pour le journaliste même?

dimanche 15 mai 2011






Tabassé par la police et alors?

Il se passe plein de choses dans notre plat pays et ailleurs! Normal donc, si certains évènements passent inaperçus. C'est vrai, si on devait relayer toutes les fois où des gars se bastonnent, la pénurie d'encre ne tarderait pas... Mais bon, quand c'est un flic et que le mec est un brave pacifiste qui va manifester devant un centre fermé, c'est directement plus particulier. Oui mais bon, les médias raffolent pas on dirait. Donc, je ne pourrai pas publier de reportage télé ou presse à ce sujet.

Riccardo était aller manifester au Steenrock à Zaventem le 7 mai quant le policier qui l'a interpellé n'a pas apprécié son inaptitude à parler le néerlandais. Il n'a pas pu aller finalement aux concerts organisés en soutien du centre fermé. Dents cassées, lèvre déchirée,... Il nous raconte l'histoire. Et heureusement qu'il y a Internet, peut-être le policier ne restera pas ainsi impuni...

Le 16 mai, la ligue des droits de l'homme organise un rassemblement à son honneur.

Michèle Martin libérée. Les humeurs se déchainent


Michèle Martin a défrayé les chroniques ces derniers jours. « Michèle Martin ? » me répondriez-vous peut être si êtes à la masse dans votre suivi de l'actu belge. Il s'agit donc, précision élémentaire, de la femme de Marc Dutroux. Elle qui avait été complice des enlèvements d'enfants commis par son mari. Le journal Le Soir en fait sa "Une" dans les éditions de mercredi et mardi, la Dernière Heure y consacrait celle de lundi avec pour titre « Honteux, scandaleux,... ».

« La libération qui choque les Belges » pouvait-ont lire donc à la Une du Soir. « Les » Belges ? Quels Belges ? La prison a vocation a ré-insérer des individus, donc il est normal d'en sortir un jour, comme le prévoit la loi. La loi a été respectée, alors « dura lex, sed lex ». Respecter la douleur des parents apparait comme un argument légitime. Mais, aussi profonde soit elle, les prisonniers conservent des droits...

Notons quand même un éclair dans la grisaille des déclarations rapportées par les journalistes. Celle d'André Vallini (ancien commissaire à la Commission Outreau) : « Il faut tout de même prendre garde à ne pas confondre la notion de trouble à l'ordre public et celle de trouble à l'opinion publique. Quand on prend une décision, il faut le faire en application de principes ». A côté de ça, Madame Martin est qualifiée de monstres, prédatrice par des responsables français. « Elle a été jugée en Belgique, qu'elle demeure en Belgique ! »... C'est dire le niveau du débat...

Et pour conclure, félicitons le Soir pour sa "Une" du jeudi 12 mai. En effet, après trois jours de Michèle Martin, la rédaction a choisi d'aborder autre chose : « Dutroux pourra demander sa libération en avril 2013 »... Paf ! Information capitale donc, il s'agira de lui accorder une analyse de fond ! Hé bien non, finalement deux petits paragraphes. Alors pourquoi titrer cela en "Une" ? 

En tous cas, la page du groupe "Non à la libération de M. Martin" sur Facebook (qui avait accueilli rapidement 80.000 membres) a été ré-introduite depuis sa fermeture due à des propos appelant à l’exécution de la femme la plus haïe du royaume de Belgique. Elle n'accueille désormais que 3300 membres...comme si la tempête était déjà passée.

jeudi 12 mai 2011

The event of the century !


L'évènement du siècle. Oui, nous avons à peine dépassé le premier dixième de ce siècle, que nous connaissons déjà l'évènement qui l'aura marqué: Le mariage de Kate & William bien sûr !

Quelles répercussions pour la société ? Aucune. Mais bon, il faut bien admettre qu'un peu de rêve dans ce monde de fous ça fait du bien. Et les vendeurs de temps de cerveau l'ont compris. Ils devraient ainsi accaparer l'attention d'un tiers de l'espèce humaine. On ne sait pas comment certains en sont arrivés à ce chiffre mais passons. 

Un petit reportage qui illustre la difficulté de proposer une information utile : 


La presse est également rentrée dans la danse. "William la voulait comme esclave" peut-on lire (en parlant de Kate) dans un papier exclusivement consacré aux soupçons quant à la date réelle de leur rencontre.
Service public où es tu ?

Les médias en auront parlé en long et en large. Acrimed, dans un article, revient sur les chiffres qui illustrent le temps que les chaines de la République ont consacré au mariage princier. Ainsi France 2, jeudi 29 avril, accorde au 20H ni plus ni moins que 23 minutes d' « informations » à ce fait historique bouleversant... A ce même JT, 45 secondes seront consacrées aux évènements en Syrie.

Notons que France 2 a devancé TF1 en temps d'antenne hors JT: 6 heures. Ça c'est du service public. Ben ouais, faudrait pas laisser filer de la part d'audience au profit d'un diffuseur privé. Quitte à proposer des programmes inutiles...

Heureusement, certaines voix discordantes se font encore entendre. Et paradoxalement, elles viennent du privé : Canal +. La chaine payante propose au Grand Journal, la semaine à 19h50, une chronique décalée qui attire de nombreux téléspectateurs, intitulée « Le petit journal ». Qu'en pensent-ils de l'union de William and Kate ? C'est bien simple, c'est le « mariage dont tout le monde se fout ! ». Ouf, certains ont compris que dans la course à l'audience, il vaut peut-être mieux être différent.

vendredi 6 mai 2011

Mort de Ben Laden, de quelle justice parle-t-on?

« Justice est faite ! ».

Voilà ce qu'à titré Le Monde à sa une le 3 mai. Alors que même sa responsabilité dans les attentats du World Trade Center peut sembler contestable, une exécution pure et simple, sans procès, est-elle une démonstration de justice ? Serait-ce le code d'Hammourabi qui serait en vigueur dans la province américaine qu'est le Pakistan ? En d'autres termes, oeil pour oeil, dent pour dent. Une des plus anciennes lois du monde. Si Obama ose affirmer que « Justice est faite », il n'ose pas aller jusqu'à affirmer que son assassinat était planifié : "Et finalement, la semaine dernière, j'ai déterminé que nous avions suffisamment de renseignements pour agir, et ai autorisé une opération destinée à capturer Oussama ben Laden et à le présenter devant la justice". En effet, capturer et présenter devant la justice ne semblent pas des expressions assimilables à « assassiner puis jeter en mer »...

Les médias se permettent de relayer les quelques doutes quant aux circonstances exactes de l'information communiquée par la Maison Blanche. Pourquoi avoir jeté le corps en mer ? Pourquoi ne pas fournir de preuves ? Les traditionnelles suspicions qui entourent les actions de la CIA et qu'elle semble -comme à son habitude- peu prompte à prendre en considération. Par contre, peu de journalistes s'aventurent à critiquer la façon dont « justice a été rendue ». L'éventualité d'un tribunal international, d'une quelconque enquête pour établir les circonstances et les responsables des attentats du 9 septembre, semble à des années lumières de ce qu'on pourrait légitimement envisager.

Enfin, si nos médias ne semblent pas, sur le coup, exempts de tous reproches, certains journalistes américains, semblent eux, avoir perdu tout esprit critique, au point de se montrer admiratifs devant l'action qui a (aurait?) permis l'élimination de l'individu le plus recherché au monde.
Ainsi, un journaliste clôt une interview du directeur de la CIA en ces termes :« OK, well, Mr. Director, congratulations to you and your colleagues at the CIA and elsewhere. Thank you very much ».

Pour finir ce post sur un ton léger, notons qu'une amusante page facebook a été crée récemment : « A prince gets married, the bad guy is dead. It's a real Disney weekend ».














mercredi 4 mai 2011

Médias & Crise belge sur acrimed.org

Pas grand chose de neuf dans la grisaille politique belge. Les négociateurs ne semblent pas se dépêtrer de cette réforme institutionnelle. Les journalistes n'ont donc pas grand chose à se mettre sous la dent. Quoique... Un étudiant bruxellois en sociologie a proposé un article atypique sur la lecture que font les médias de la crise politique belge. Publié sur le site Acrimed (Action Critique des Médias), il dénonce une vision selon laquelle il existerait deux Belgique, deux communautés, aux intérêts divergents. Il est vrai qu'a priori, il apparaît difficilement défendable que tous les flamands (ou tous les francophones) aient des intérêts communs. Un exemple extrême mais éclairant malgré tout : le PDG de Ford Genk et l'ouvrier de la chaîne de montage auraient donc des intérêts communs?


Alors, certes l'auteur, Daniel Zamora, reconnait que les résultats électoraux au Nord penchent à droite tandis qu'au Sud c'est du côté de la gauche. Mais cela devrait amener les observateurs à s'écarter du prisme communautaire pour privilégier le socio-économique. Il apparaît irréaliste que la décentralisation de compétences fiscales soit dans l'intérêt d'une communauté. Pourquoi ? Cela signifierait que tous les flamands voient le fruit de leur travail « pompé » par les habitants sudistes. Par contre, suggérer que leur travail profitent au patronat, aux actionnaires, au capital (non taxé lui), semble impossible pour le commun des journalistes.

Daniel Zamora, suggère plus loin que la « La logique de division n’est-elle pas contre l’intérêt de l’ensemble les travailleurs belges ? ». Ainsi, la décentralisation des compétences ne serait qu'un cheval de Troie pour démanteler notre système social  (sécurité sociale, indemnités de chômage, allocations familiales...).