Les colonnes Forums des éditions du journal Le Soir du mercredi 25 et jeudi 26 mai ont fait preuve d'un bel exercice de complaisance à l'égard de deux chroniqueurs occasionnels. Pour deux affaires sans aucun rapport, ces deux individus font, malheureusement, l'actualité. Évidemment, leurs propos ont été accueillis avec une indulgence toute confraternelle.
Pierre Mertens, écrivain, pris dans un bras de fer juridique avec Bart De Wever recevait l'espace médiatique à hauteur de l'importance de l'affaire: la presque totalité des deux pages de la rubrique forums! Sa lettre ouverte a été visiblement accueillie à bras ouvert par ses collègues de rédaction.
Rappel des faits : Pierre Mertens a, dans un entretien au Monde, qualifié Bart de Wever de "leader résolument négationniste". Négationniste? Définition du Petit Robert: "Partisan de la position idéologique consistant à nier l'existence des chambres à gaz utilisés par les nazis". Bart de Wever le poursuit pour calomnie. Quelles raisons ont poussé Pierre Mertens à cette sortie médiatique?
Le fait que le président de la NV-A ait pris la défense des autorités anversoises alors que son bourgmestre (P. Janssens) avait formulé des excuses en leur nom pour la collaboration active pratiquée sous l'occupation. Cette collaboration des autorités, confirmée par les historiens, n'avait pas lieu de donner naissance à une polémique ou à des excuses pour De Wever pour qui :"On n'a pas besoin d'un procès thérapeutique, en 2007, sur cette question". En clair, c'est trop tard.
Je ne me prononcerai pas sur l'utilité ou non de ces excuses. Mais force est de constater que les propos de De Wever, ni sur le fond ni sur la forme, ne sont assimilables à du négationnisme. Il minimime, ou nie peut-être (et encore c'est contestable) l'existence d'une collaboration intensive des autorités anversoises mais cela ne signifie nullement la négation de la Shoah... Cela n'apparait pas dans le journal de ce jour-là, la version de Pierre Mertens occupant l'intégralité du débat dans les pages de ce quotidien.En effet, le commentaire de M. Metdepenningen s'en tenait au rappel factuel du contexte et de ses antécédents. Alors, si P. Mertens veut "réveiller la conscience éthique", ce n'est peut-être pas le meilleur point de départ.
"Serait-ce trop demander à la Justice qu'au premier chef lui reviennent le rôle et le privilège de se prononcer là dessus?"[sic] s'interroge P. Mertens à la fin de sa carte blanche à propos d'un éventuel "droit de mémoire". De nombreux historiens, tel P. Lagrou, sont déjà contre le fait que la vérité historique devrait être décrétée par une loi mais cette opinion n'apparait pas non plus...
Bref, une carte blanche non-accompagnée de versions contradictoires, ça manque un peu de relief. Surtout quand il apparait que la position de Pierre Mertens est intenable sur le fond: il ne s'agissait absolument pas de négationnisme. Pourquoi accorder autant d'importance et d'attention à son égard si ce n'est parce qu'il a collaboré au journal ? Peut-être pour décrédibiliser la NV-A... En tous cas, cela ne devrait pas améliorer les relations entre Le Soir et le dit parti.
P.S. : On notera l'emploi du "nous" récurrent au début de la lettre ouverte que Pierre Mertens signe pourtant seul. "Nous sommes de ceux qui inclinent à croire qu'il faudrait en élargir le champ d'application à d'autres génocides que ceux que couvre la Shoah". Qui sont ces "nous" ? Le Soir ? Les francophones? Ou simplement Pierre Mertens et l'ancien résistant qui l'accompagnait à la conférence de presse?
"Il suffit de deux mots pour vous délégitimer" explique Jean-François Kahn qui "s'insurge contre la dictature de la petite phrase" dans la colonne forum de ce jeudi 26 mai. Mais pas n'importe quels mots. Se montrant sceptique quant à l'éventualité d'un viol de Strauss-Kahn sur la femme de chambre, il a dit préférer parler d'un "troussage de domestique"! Maladresse, se dédouane-t-il. Et il s'en excuse. Mais utilise t-on vraiment le terme "troussage" maladroitement? Appartenant plutôt au langage précieux, nombreux ignoraient ce terme avant que J.-F. Kahn crée le buzz en l'utilisant (cfr post du 20 mai). Peut-être le recours à cette expression "troussage de domestique" procède plus d'un déterminisme de classe que d'un d'un imbuvable sexisme.
Mais je ferme cette parenthèse pour en revenir à l'interview réalisée dans les colonnes du Soir: "Et parce que quand cette formule, que je n'étais même pas conscient d'avoir employé, m'est revenue, je l'ai trouvée aussitôt trouvée insupportable". Un peu facile, mais bon, Monsieur Bourton, qui mène l'entretien, répond non sans sens critique...: "Quels que soient vos regrets, c'est une phrase qui peut vous rester..."! Vlan, alors là, franchement, qui aurait-dit qu'ils participent au contenu d'un même journal...
Ce n'est pas fini. Le journaliste intervieweur va enchaîner ensuite sur une critique acerbe à l'égard du journaliste de l'hexagone: "On a également laissé entendre que vous étiez de connivence avec Dominique Strauss-Kahn..." Aie aie aie, Monsieur Bourton, faudra pas postuler à Marianne. Cette intervention recèle deux subterfuges. Premièrement, le pavé lancé dans la marre est tellement gros, que cela sera aisé pour Kahn (le journaliste) d'aller le repêcher et au passage de s'envoyer des fleurs du type: "J'ai montré que j'étais intransigeant sur un certain nombre de valeurs". Deuxièmement, Bourton, formuler "on a également laissé entendre", cela lui permet de se distancer par rapports à cette critique et ainsi entamer déjà le crédit qu'accordera le lecteur à cette infâme suggestion.
Tout cela, ne nous gâchera pas la fin de cette entretien, décidément très familier. "A la question, qu'allez-vous faire maintenant ?", J.-F. Kahn nous livre une réponse d’anthologie: "Maintenant je vais interpeller, comme je viens de le faire chez vous". J'essaye d'imaginer la scène: J.-F. : "Allo William? C'est Jean-François. Dis, interviewe-moi un peu, j'arrête pas de me faire lyncher dans les médias, j'ai bien besoin de redorer mon blason - William: Ouais, pourquoi pas. Mais, pour l'occasion, tu n'as pas un prétexte plus général que le buzz crée par ta créativité lexicologique? - J.-F.: Oui bien sur, je m'insurge contre la dictature de la petite phrase"...
P.S. : On notera que "je m'insurge contre la dictature de la petite phrase" est l'exemple type de la petite phrase contre laquelle il entend s'insurger. Le serpent se mord la queue.
Pierre Mertens, écrivain, pris dans un bras de fer juridique avec Bart De Wever recevait l'espace médiatique à hauteur de l'importance de l'affaire: la presque totalité des deux pages de la rubrique forums! Sa lettre ouverte a été visiblement accueillie à bras ouvert par ses collègues de rédaction.
Bart De Wever, négationniste?
Rappel des faits : Pierre Mertens a, dans un entretien au Monde, qualifié Bart de Wever de "leader résolument négationniste". Négationniste? Définition du Petit Robert: "Partisan de la position idéologique consistant à nier l'existence des chambres à gaz utilisés par les nazis". Bart de Wever le poursuit pour calomnie. Quelles raisons ont poussé Pierre Mertens à cette sortie médiatique?
Le fait que le président de la NV-A ait pris la défense des autorités anversoises alors que son bourgmestre (P. Janssens) avait formulé des excuses en leur nom pour la collaboration active pratiquée sous l'occupation. Cette collaboration des autorités, confirmée par les historiens, n'avait pas lieu de donner naissance à une polémique ou à des excuses pour De Wever pour qui :"On n'a pas besoin d'un procès thérapeutique, en 2007, sur cette question". En clair, c'est trop tard.
Je ne me prononcerai pas sur l'utilité ou non de ces excuses. Mais force est de constater que les propos de De Wever, ni sur le fond ni sur la forme, ne sont assimilables à du négationnisme. Il minimime, ou nie peut-être (et encore c'est contestable) l'existence d'une collaboration intensive des autorités anversoises mais cela ne signifie nullement la négation de la Shoah... Cela n'apparait pas dans le journal de ce jour-là, la version de Pierre Mertens occupant l'intégralité du débat dans les pages de ce quotidien.En effet, le commentaire de M. Metdepenningen s'en tenait au rappel factuel du contexte et de ses antécédents. Alors, si P. Mertens veut "réveiller la conscience éthique", ce n'est peut-être pas le meilleur point de départ.
"Serait-ce trop demander à la Justice qu'au premier chef lui reviennent le rôle et le privilège de se prononcer là dessus?"[sic] s'interroge P. Mertens à la fin de sa carte blanche à propos d'un éventuel "droit de mémoire". De nombreux historiens, tel P. Lagrou, sont déjà contre le fait que la vérité historique devrait être décrétée par une loi mais cette opinion n'apparait pas non plus...
Bref, une carte blanche non-accompagnée de versions contradictoires, ça manque un peu de relief. Surtout quand il apparait que la position de Pierre Mertens est intenable sur le fond: il ne s'agissait absolument pas de négationnisme. Pourquoi accorder autant d'importance et d'attention à son égard si ce n'est parce qu'il a collaboré au journal ? Peut-être pour décrédibiliser la NV-A... En tous cas, cela ne devrait pas améliorer les relations entre Le Soir et le dit parti.
P.S. : On notera l'emploi du "nous" récurrent au début de la lettre ouverte que Pierre Mertens signe pourtant seul. "Nous sommes de ceux qui inclinent à croire qu'il faudrait en élargir le champ d'application à d'autres génocides que ceux que couvre la Shoah". Qui sont ces "nous" ? Le Soir ? Les francophones? Ou simplement Pierre Mertens et l'ancien résistant qui l'accompagnait à la conférence de presse?
Cloué au pilori pour une "malheureuse" affaire
"Il suffit de deux mots pour vous délégitimer" explique Jean-François Kahn qui "s'insurge contre la dictature de la petite phrase" dans la colonne forum de ce jeudi 26 mai. Mais pas n'importe quels mots. Se montrant sceptique quant à l'éventualité d'un viol de Strauss-Kahn sur la femme de chambre, il a dit préférer parler d'un "troussage de domestique"! Maladresse, se dédouane-t-il. Et il s'en excuse. Mais utilise t-on vraiment le terme "troussage" maladroitement? Appartenant plutôt au langage précieux, nombreux ignoraient ce terme avant que J.-F. Kahn crée le buzz en l'utilisant (cfr post du 20 mai). Peut-être le recours à cette expression "troussage de domestique" procède plus d'un déterminisme de classe que d'un d'un imbuvable sexisme.
Mais je ferme cette parenthèse pour en revenir à l'interview réalisée dans les colonnes du Soir: "Et parce que quand cette formule, que je n'étais même pas conscient d'avoir employé, m'est revenue, je l'ai trouvée aussitôt trouvée insupportable". Un peu facile, mais bon, Monsieur Bourton, qui mène l'entretien, répond non sans sens critique...: "Quels que soient vos regrets, c'est une phrase qui peut vous rester..."! Vlan, alors là, franchement, qui aurait-dit qu'ils participent au contenu d'un même journal...
Ce n'est pas fini. Le journaliste intervieweur va enchaîner ensuite sur une critique acerbe à l'égard du journaliste de l'hexagone: "On a également laissé entendre que vous étiez de connivence avec Dominique Strauss-Kahn..." Aie aie aie, Monsieur Bourton, faudra pas postuler à Marianne. Cette intervention recèle deux subterfuges. Premièrement, le pavé lancé dans la marre est tellement gros, que cela sera aisé pour Kahn (le journaliste) d'aller le repêcher et au passage de s'envoyer des fleurs du type: "J'ai montré que j'étais intransigeant sur un certain nombre de valeurs". Deuxièmement, Bourton, formuler "on a également laissé entendre", cela lui permet de se distancer par rapports à cette critique et ainsi entamer déjà le crédit qu'accordera le lecteur à cette infâme suggestion.
Tout cela, ne nous gâchera pas la fin de cette entretien, décidément très familier. "A la question, qu'allez-vous faire maintenant ?", J.-F. Kahn nous livre une réponse d’anthologie: "Maintenant je vais interpeller, comme je viens de le faire chez vous". J'essaye d'imaginer la scène: J.-F. : "Allo William? C'est Jean-François. Dis, interviewe-moi un peu, j'arrête pas de me faire lyncher dans les médias, j'ai bien besoin de redorer mon blason - William: Ouais, pourquoi pas. Mais, pour l'occasion, tu n'as pas un prétexte plus général que le buzz crée par ta créativité lexicologique? - J.-F.: Oui bien sur, je m'insurge contre la dictature de la petite phrase"...
P.S. : On notera que "je m'insurge contre la dictature de la petite phrase" est l'exemple type de la petite phrase contre laquelle il entend s'insurger. Le serpent se mord la queue.


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire